L'enfer du déneigement, vu de l'opérateur.
Bonjour tout le monde,
Je suis col-bleu à Montréal depuis maintenant 15 ans, et en cette période exceptionnelle de forte neige je pense que beaucoup de mes collègues aimeraient exprimer publiquement ce qui suit (mais avec plus de sacres).
En tant que bleus, on sait tous ce qu'est d'être citoyens et être pris dans le trafic à cause du déneigement, de marcher dans 1pi de neige (achète-toi des bottes d'hiver avant de chialer). Mais ce que certains citoyens semblent oublier c'est qu'eux n'ont aucune idée de notre travail et des conditions/dangers qui y sont reliés.
Les opérations de déneigement devraient encore durer une semaine. C'est l'enfer, notre machinerie ne fournit pas et nous travaillons 60-70h/semaine, 24h/24 il y a des équipes qui travaillent. On fournit au 1/3 de l'habitude. Outre les bris mécaniques et pépins reliés à la job, ce sont les citoyens qui sont la plus grande cause de perte de temps.
À toutes les fois où un automobiliste s'aventure dans notre lieu de travail, un piéton, un cycliste, à toutes les fois où quelqu'un attend qu'on ait complètement arrêté d'avancer pour se tasser de notre chemin, quand quelqu'un park en double pour déposer/prendre quelqu'un, à chaque "je vais juste là, j'en ai pour 5 min", à chaque fois que quelqu'un n'as pas pelleté pour se parker et qu'on ne peut circuler dans la rue avec nos camions, à toutes les fois où un piéton ou cycliste qui marche dans la piste cyclable ou dans la rue et nous oblige de ralentir (et risquer de rester pris), aux nombreux ordures dans notre chemin qui nous empêchent de travailler, aux voitures qui doivent être remorquées, à chaque fois qu'il y a du trafic... et bien on doit arrêter les opérations.
On parle ici, dans Ville-Marie, de s'arrêter à peu près 1min à chaque 5 min. Imaginez si je passais dans votre bureau, devant votre écran, à toutes les 5 min pour vous empêcher de travailler... ALORS QUE ÇA ME MET EN DANGER, QUE JE N'AI RIEN À FAIRE DANS VOTRE BUREAU et que je vous blâme de ne pas penser à moi. Non seulement ça, mais je vous épargne les "va chier", "c'est moi qui paye ton salaire", "bon un autre col-bleu qui se pogne le cul", "hey respecte ton client" et "get a real job" qu'on vit à tous les jours.
Vous allez croiser des appareils de déneigement, quoi?, 5 fois dans votre hiver... mais le gars dans l'appareil croise 5 personnes en 5 min. S'il commence à laisser passer tout le monde et s'arrêter chaque fois... la job ne se fera pas et c'est ceux qui le ralentissent qui vont chialer sur lui.
Un appareil de déneigement c'est potentiellement dangereux. Si vous ne donnez pas au moins 6 pieds de distance vous risquez de recevoir un morceau de glace (le bas des pelles est muni d'une lame de metal avec des ressorts pour amortir les chocs, et peut projeter des gros morceaux durs à 10-15 pieds) ou même de vous faire frapper s'il y a des surprises sous la neige ou dans la chaussée et que l'appareil dérape, ou une simple defaillance mécanique. Ça c'est sans compter ce qui peut arriver à ceux qui se mettent dans nos nombreux angles morts ou carrément entre la souffleuse et le camion qui se fait charger (vu à quelques reprises).
Donc s'il-vous-plaît, si vous voulez que tout aille mieux... donnez un petit 5-10min de coups de pelles pour bien dégager la rue quand vous vous stationnez, changez de bord de rue AVANT QUE L'APPAREIL SOIT RENDU SUR VOUS sur le trottoir, ne mettez pas vos ordures dans la bordée de neige qu'on va souffler et surtout quand vous voyez nos flashers oranges... NALLEZ PAS LÀ. Si chaque citoyen donne un 5 min pour ça, ça fait 10 millions de minutes de moins à déneiger pour les bleus.
Je suis conscient que ceux à qui je m'adresse sont sûrement trop focus sur leur petit nombril pour lire/comprendre ceci, ou bien juste fermés d'esprit, mais si j'ai éduqué au moins une personne ignorante ça aura été au moins ça de fait (et le "vent" fait du bien). J'ai sûrement oublier bien des détails, mais ça résume bien la situation.
Je termine en vous souhaitant tous une bonne journée, et de pas trop être pris dans le trafic.